COP 28 : le soutien international s’accroît en faveur de la canalisation des droits de tirage spéciaux du FMI par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement
Dubaï, le 8 décembre 2023 – Les gouvernements de la France, du Japon, de l’Espagne, du Royaume-Uni et du Brésil (qui assurera la prochaine présidence du G20), le Fonds monétaire international, les Nations unies, des ministres de pays d’Afrique et d’Amérique latine, la Banque asiatique de développement et d’autres institutions internationales ont apporté leur plus ferme soutien à une proposition du Groupe de la Banque africaine de développement et de la Banque interaméricaine de développement (BID) visant à canaliser les droits de tirage spéciaux (DTS) par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement.
S’exprimant lors d’une table ronde spéciale organisée dans le cadre de la COP28 à Dubaï, lundi 4 décembre 2023, pour discuter de l’exploitation des DTS pour le climat et le développement, les participants ont félicité les deux banques pour leur proposition innovante qui permettrait de fournir des ressources financières indispensables aux pays vulnérables.
La réunion a été organisée conjointement par la présidence de la COP28, la Banque africaine de développement, la Banque interaméricaine de développement, le gouvernement français et le gouvernement japonais, avec le soutien de la Fondation Rockefeller.
Le FMI a émis une allocation générale historique de droits de tirage spéciaux (DTS) d’une valeur de 650 milliards de dollars en 2021 pour aider les pays à faire face aux effets d’une crise mondiale déclenchée par la pandémie de Covid-19. L’Afrique, qui compte plus de 1,2 milliard d’habitants, n’a reçu que 33 milliards de dollars, soit environ 5 % du montant total de l’allocation, ce qui en fait la plus petite portion parmi les différentes régions du monde. L’Amérique latine et les Caraïbes n’ont reçu que 8 % de la dotation totale.
Au sommet des chefs d’État en février 2022, l’Union africaine a exhorté les pays riches à porter l’allocation des DTS du continent à au moins 100 milliards de dollars et à en canaliser une partie par l’intermédiaire de la Banque africaine de développement. La canalisation des DTS par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement s’aligne fortement sur la Déclaration pour une vision commune de ces banques publiée lors du sommet sur le Pacte de Paris pour les peuples et la planète en juin 2023.
La Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement ont développé un mécanisme innovant qui sera structuré comme un instrument de capital hybride et pourra donc être comptabilisé comme des fonds propres dans le bilan de la Banque africaine de développement et de la Banque interaméricaine de développement. Il s’appuie également sur un Accord de soutien à la liquidité conclu entre les actionnaires contributeurs, afin de garantir que les pays contributeurs de DTS puissent toujours les comptabiliser comme des réserves.
S’exprimant lors de la table ronde, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a réitéré les avantages de la canalisation des DTS par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement. « Les banques multilatérales de développement peuvent multiplier les DTS canalisés par au moins quatre fois leur valeur initiale », a-t-il indiqué. Cet effet multiplicateur signifie que cinq milliards de dollars de DTS canalisés pourraient être transformés en vingt milliards de dollars de nouveaux financements.
« Les DTS passeront ainsi du statut d’actifs de réserve statiques à celui d’instruments de prêt dynamiques, à des coûts abordables, pour financer le développement, tout en préservant leur statut d’actifs de réserve, et sans frais pour les contribuables des pays riches en DTS », a ajouté M. Adesina.
Le président de la Banque interaméricaine de développement, Ilan Goldfajn, a souligné les progrès importants réalisés dans la discussion sur la canalisation des DTS : « Les DTS sont essentiels pour nous aider à faire progresser notre programme en matière de climat et à accroître les investissements en faveur de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses effets dans nos pays membres. Nous saluons les progrès réalisés dans le sens d’une canalisation des DTS avec les promesses de liquidités de la France, le soutien exprimé par le Japon, le Royaume-Uni et l’Espagne concernant l’instrument de capital hybride de DTS et la volonté du FMI d’envoyer prochainement une proposition à son conseil d’administration. Par la suite, il sera crucial d’obtenir l’engagement d’au moins cinq investisseurs supplémentaires pour faire de cet instrument une réalité et commencer à canaliser les DTS par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement. »
Le directeur général adjoint du FMI, Bo Li, a félicité les deux banques pour avoir élaboré une proposition concrète : « Sur la base de l’évaluation de nos services, l’instrument de capital hybride proposé par la Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement (…) répondrait aux exigences de qualité des actifs de réserve. »
« Une mise en œuvre réussie de la proposition contribuerait grandement à amplifier l’impact positif de l’allocation historique de DTS de 2021 au profit des pays en développement », a déclaré M. Li. Il a également indiqué que le FMI travaillait à un rythme soutenu pour finaliser toutes les approbations requises. Ces processus sont déjà bien avancés et devraient être achevés et transmis au conseil d’administration dans un avenir proche.
Le gouvernement du Japon a annoncé qu’il « va accélérer ses efforts pour apporter une contribution au capital hybride proposé ».
Le directeur général adjoint des Finances du Japon, Tomoyoshi Yahagi, a déclaré que la proposition des deux banques « est une excellente occasion pour les banques multilatérales de développement de faire preuve d’un partenariat solide avec leurs pays membres afin de fournir des ressources financières indispensables pour réaliser les Objectifs de développement durable. »
Le directeur général du Trésor français, Emmanuel Moulin, a déclaré que son pays était depuis le début un fervent partisan de la réaffectation des DTS.
« La Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement ont présenté une proposition très solide pour canaliser les DTS par le biais d’un instrument de capital hybride avec l’aide du FMI… au profit des pays qui en ont le plus besoin. »
M. Moulin a déclaré que « la France est prête à soutenir la proposition de capital hybride de DTS par le biais de l’Accord de soutien à la liquidité, en fournissant une garantie ».
L’Espagne a exprimé un soutien similaire à l’initiative des DTS. La première vice-première ministre et ministre de l’Économie, du Commerce et des Entreprises, Nadia Calvino, qui est également présidente du Comité monétaire et financier international du FMI, a déclaré que son pays « a joué un rôle de premier plan dans le renforcement de la puissance de feu des institutions multilatérales et dans la création de nouveaux instruments adaptés à leur objectif. Canaliser les DTS est l’un des instruments sur lesquels nous devrions travailler ».
Le Royaume-Uni a félicité la Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement « pour ces propositions innovantes visant à maximiser la valeur de la canalisation des DTS », a déclaré Andrew Mitchell, ministre d’État chargé du Développement et de l’Afrique. Il a indiqué que le Royaume-Uni allait « explorer la possibilité d’augmenter le mécanisme de DTS avec un accord de soutien à la liquidité. »
« Le Royaume-Uni est un fervent supporter et partisan de la Banque africaine de développement et de son remarquable président. Et j’espère sincèrement qu’avec un travail plus approfondi, cette proposition de réorientation pourra être mise en œuvre, au profit des pays qui ont le plus besoin de soutien », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations unies, Li Junhua, a déclaré que la proposition de la Banque africaine de développement et de la Banque interaméricaine de développement « mérit[ait] tout notre soutien. Les Nations unies appellent les pays disposant de DTS inutilisés à manifester leur soutien et à conclure des accords de contribution avec la Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement. »
Le gouvernement brésilien a confirmé que les efforts visant à canaliser les DTS par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement afin d’accroître le financement climatique et le financement du développement figureront à l’ordre du jour de sa présidence du G20.
Sir Alok Sharma, chercheur principal à la Fondation Rockefeller et président de la COP26, a exprimé son soutien à la proposition avec un sentiment d’urgence : « Nous pouvons surmonter les obstacles techniques. Cet événement démontre la présence d’un ingrédient essentiel : la volonté politique. Nous parlons tous de millions, de milliards et de milliers de milliards, mais cela ne signifie rien pour les personnes qui se trouvent en première ligne face au changement climatique. Il s’agit de soutenir les personnes les plus vulnérables du monde. S’il vous plaît, ne les laissez pas tomber. »
Alvaro Lario, président du Fonds international de développement agricole (FIDA), un détenteur agréé de DTS pour le soutien aux agriculteurs, a souligné que « les solutions ont été apportées, et ce qu’il faut maintenant, c’est une percée politique. »
Des allocutions de soutien ont également été prononcées par de hauts fonctionnaires du Kenya, du Sénégal, du Brésil, de l’Argentine et de la Banque asiatique de développement.
— Discours du président Adesina
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