De l’urgence de la réforme des examens nationaux en Guinée (Par Michel Pépé Balamou)

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(Guinée Eco) – L’un des maillons faibles de notre système éducatif réside dans son incapacité à savoir aider les élèves dans l’acquisition des compétences nécessaires pour réussir aux différents examens nationaux qui deviennent pour eux des mouroirs et non des centres de transformation d’âmes et de façonneurs d’avenir. Celui qu’on n’a pas su aider à recevoir un enseignement de qualité pendant 8 mois, sera naturellement prédisposé à frauder aux examens nationaux organisés le 9ème mois de l’année scolaire.

De ce point de vue, nous devrons passer d’un Ministère des examens nationaux à un   Ministère de la création des meilleures conditions d’enseignement et d’apprentissage. Une équipe bien formée et bien outillée produira des résultats et de grands résultats.

Paradoxalement, on n’est même pas à un mois de cours, on nous parle de caméra de surveillance et on demande aux chefs d’établissement de remonter la liste des candidats aux différents examens nationaux. Alors   que certains parents d’élèves peinent à inscrire leurs enfants à l’école.

Pourquoi cet empressement dans l’élaboration des listes de candidature aux examens nationaux session 2023 ?

Nous pensons que beaucoup de préalables devraient être évacués avant toute démarche de ce genre. Les examens, c’est beaucoup d’argent.  Allez comprendre le reste.

Parmi ces préalables, on peut citer :

■ L’opérationnalisation de l’office national du Baccalauréat. Tout était mis en place.     Il restait juste le projet de décret portant nomination de ses membres. Les gens sont entrain de piétiner sa mise en œuvre qui pourrait mettre fin à certains intérêts financiers officieux.

■ L’instauration d’une 2ème session de rattrapage   pour les candidats du Baccalauréat ayant obtenu une moyenne variant entre 8 ,00 et 9,99. Cela se fait dans tous les pays du monde où on fait l’examen du Baccalauréat.

■ Création de Baccalauréats technique, professionnel et industriel.  Les admis seront directement orientés dans les écoles techniques et professionnelles qui ne doivent pas être des écoles de seconde chance mais de première chance au même titre que les universités.

■ La biométrie pour tous les candidats des examens nationaux pour éviter les cas de substitution et d’autres formes de fraude, de falsification de documents, d’usurpation d’identité et de saignée financière. Elle est source de production de listes de candidats fiables et sécurisées

■ La suppression de l’examen du certificat d’études élémentaires (CEE) trop budgétivore ( 45 % du budget des examens nationaux) , sources d’enrichissement  illicite via la surfacturation  des coûts de  matériels,  de centre fictifs  et autres dépenses fictives.  Alors que ce diplôme n’a aucune valeur ajoutée pour le candidat

■ La création des jurys régionaux de correction du baccalauréat pour éviter que tous les correcteurs se retrouvent à Conakry.

■ Le rétablissement temporaire du secrétariat en attendant une meilleure appropriation   des techniques d’utilisation des nouvelles feuilles d’examen et des stickers qui ont été préjudiciables à beaucoup de candidats.

■ L’audit des copies des candidats pour détecter les vraies causes de cet échec massifs des élèves aux examens nationaux session 2022 et situer objectivement les responsabilités.

■ Rehausser les primes en lien avec les examens nationaux.

■ Publier les résultats de l’audit des téléphones saisis sur les candidats et les sanctions pénales infligées sur eux pour éviter la récidive en 2023.

En agissant ainsi en amont, on éviterait en aval la fraude aux examens nationaux de la session 2023. La pire des fraudes n’est pas celle qui se passe dans les salles d’examen, mais celle commise par le système lui-même, par la manipulation des notes et des résultats.

Dans un pays, lorsque c’est le système même qui est chargé de lutter contre la fraude qui devient champion champion de cette fraude, il y a lieu de marquer une pause et de changer de paradigme.  Au risque de détruire le peu d’acquis scolaires des dix dernières années.

Par Michel Pépé Balamou,

Secrétaire Général du Syndicat national de l’Education (SNE)

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